Introduction d’un nouveau koï en hiver : une aberration ?

Peut-on introduire un koï en bassin peuplé dans des eaux froides ?

Sur le principe il n’y a pas de problème hormis le choc thermique. C’est même une période tout à fait
conseillée car les agents pathogènes sont au repos. Cependant il faut être sûr que la température ne
remonte pas dans les jours à semaines qui viennent. Car dans ce cas on entre dans la fourchette à risque
dans laquelle les pathogènes peuvent se développer mais le système immunitaire n’a pas encore atteint
son efficacité optimale. Cette fourchette de manière approximative correspond à 10 - 16°C.

Donc pour revenir à la question du choc thermique cela veut dire qu’il faut préparer les poissons ă
l’introduction en eau froide. Cette préparation est longue, il faut en quelque sorte mimer un automne.
Il est fortement déconseillé d’introduire des koïs stabulées en eau chaude directement en eau froide.
La préparation au transfert doit donc être envisagée à l’avance par le fournisseur ou le magasin.

Connaissance de l’historique des koïs ?

Même si les koïs tolèrent des grandes variations de température, la préparation physiologique à l’hiver est un processus important. De plus il faut pouvoir connaitre l’historique du poisson, et être sûr qu’il n’a pas subi de gros stress récemment, qu’il possède des réserves adéquates pour faire face à l’introduction, ou pire qu’il n’a pas été sorti d’un environnement froid, puis réchauffé, entrant alors en processus de fin d’hiver, avant de revenir au froid dans votre bassin.

Risque de brassage de pathogènes ?

Lors d’une introduction en hiver, l’activité microbiologique, parasitaire et même virale sont au ralenti
voire à l’arrêt. Donc les risques de contamination du nouveau poisson sont diminués, sous réserve que
les températures n’augmentent pas brutalement dans les jours qui suivent l’introduction. Le poisson
arrivant, lui, constitue un risque pour les anciens occupants du bassin. Si la préparation à l’hiver a été
faite  correctement,  de  la  même  manière,  le  risque  d’apport  de  pathogènes  est  diminué.  La
connaissance du statut sanitaire du poisson est toujours critique lors d’une introduction. La réalisation
d’une quarantaine toujours conseillée. Si le risque est pris de ne pas faire une quarantaine il faut être
conscient que l’on ne sait pas l’état dans lequel va être introduit le koï, s’il a souffert, s’il mange, s’il est
porteur de parasites͙ Là encore s’adresser ă un vendeur de confiance est très important.

Préparation sanitaire à l’introduction ?

La réalisation d’analyses et de frottis est importante avant l’introduction de koïs. La connaissance de
votre structure, de son historique et de ses habitants, d’une part permet de cibler les risques éventuels,
d’anticiper les problèmes de manière préventive et d’intervenir rapidement et efficacement en cas de
problème. Le statut du nouvel arrivant vous est inconnu. Le même travail est conseillé avant son
introduction, par vous, ou par votre vendeur. Ceci est valable quelle que soit la saison. En hiver comme
nous l’avons dit l’activité des pathogènes est diminuée, donc les risques sont nettement diminués de ce
côté-là. Néanmoins, en cas de remontée brutale de la température et lors du réchauffement au
printemps il faut pouvoir surveiller la situation en connaissance de cause. Si l’introduction est réalisée
de manière judicieuse sur le plan météorologique, cela permet de différer le stress de l’introduction
d’un éventuel développement de pathogènes ce qui intervient un peu de la même manière qu’une
quarantaine.

Une organisation de bassin adaptée ?

L’introduction d’un poisson doit être adaptée à la structure d’accueil. Ainsi en hiver les poissons sont
moins vifs, moins affamés, il faut pouvoir surveiller le nouvel arrivant. Les structures comprenant des
endroits inaccessibles comme des iles, des eau troubles, de grande quantité de vase͙ peuvent être
inappropriées. Il faut également garder à l’esprit que le nouveau koï ne connait pas le bassin, et penser
aux éventuels pièges qui pourraient apparaitre (zones peu profondes et gel notamment). Les lieux et
techniques de distribution de nourriture doivent être réfléchis. Même si en hiver le koï a moins ou pas
besoin d’être alimenté, c’est une manière de surveiller son état, et cela dépend également de sa
préparation avant l’introduction.

L’âge à l’introduction ?

Une introduction en hiver peut s’adresser ă tous les stades hors reproductions artificielles extra-saison
(donc aux tosaï, nisaï, sensaï͙). Cependant au plus on se rapproche du printemps au plus on se
rapproche de la saison de reproduction. Cette saison est à risque pour l’introduction d’un nouveau koï
en âge de se reproduire. Le processus de reproduction est très couteux sur le plan métabolique, au
détriment de l’immunité. C’est une période également d’instabilité thermique et de stress pour les
poissons. Il y a peu de chance que le statu du nouvel arrivant s’accorde avec celui des ancien et cela
peut poser des problèmes hiérarchiques, de blessures, de pollutions, en plus des risques que nous avons
déjà abordé. Cette période varie considérablement selon les régions et les structures mais doit être
évitée, surtout pour les plus gros koïs.

Complémentations alimentaires préventives ?

La complémentation vitaminique dans l’aliment est un de nos piliers de base pour la prévention des
problématiques sanitaires des poissons. L’apport de vitamines et d’immunostimulants est un moyen
de lutter de manière non spécifique donc très largement contre les problèmes de maladies.
L’introduction ou le déplacement de koïs sont un des évènements pour lequel ces complémentations
sont judicieuses.

Plusieurs compléments sont justifiés dans ce contexte. Les anti-oxydants notamment sont importants.
La vitamine C est un des compléments de base. Des mélanges vitaminiques variés permettent
également de complémenter largement la ration de manière à « recharger les batteries » de l’animal.
Nous recommandons et utilisons le Vitaforce® pour cet usage, produit dont la composition est connue
et variée (voir fiche technique). Le Mélange-Vitalité® et un complément sous forme de poudre à
incorporer aux granulés par enrobage avec de l'huile de foie de morue . Il s’agit d’une association entre des antioxydants puissants et
un stimulateur de la production de mucus. Cet effet combiné en fait un produit très intéressant pour
améliorer l’efficacité de la barrière cutanée et aider aux processus de cicatrisation (voir fiche
technique), et donc une aide non négligeable dans la préparation et dans la gestion de l’arrivée d’un
nouveau koï.

Dans le cadre d’une introduction les poissons déjă présents peuvent être préparés en ajoutant dans leur
ration des compléments pour leur permettre de faire face au stress à venir. Anticiper l’introduction
permet également d’habituer les poissons à l’aliment complémenté pour éviter de les perturber dans
le même temps, et encourager le nouveau koï à consommer l’aliment sans méfiance.

Pour une introduction  en  hiver,  la  prise  alimentaire  étant  plus  lente  et  diminuée  cela  peut  être  plus problématique, mais comme nous l’avons soulevé le risque sanitaire est différé. Une complémentation lors de la reprise alimentaire sera alors conseillée. Pour le nouvel arrivant il peut être intéressant si possible de débuter une complémentation avant le transfert, soit lors d’une quarantaine, soit chez le vendeur si cela est proposé. Se renseigner sur les habitudes alimentaires du koï avant l’achat est également une bonne idée pour lui offrir une transition adaptée.

L’introduction d’un koï lors de la période hivernale n’est pas une aberration. Elle représente moins de risques qu’une introduction printanière lors des grosses variations de températures, et lors de la période de reproduction pour les individus plus âgés.

Il faut néanmoins prendre en considération plusieurs particularités notamment dans la possibilité de
surveillance du cheptel, et dans la distribution de l’aliment. D’une manière générale, l’échange avec
une structure de vente sérieuse et de confiance est primordial pour anticiper une introduction.